Visite de Peter à Nagoya chez Kamigaito Sensei

Le 12 avril 2010, Peter Keijers fera sa dernière visite chez le maître Kamigaito. Il nous envoya un mail émouvant avec quelques photos

Yoshikazu-Kamigaito-Sensei-12-04-2010
Yoshikazu-Kamigaito-Sensei-son-dojo-12-04-2010
Yoshikazu-Kamigaito-Sensei-Peter-Keijers-12-04-2010

Voici la traduction en Français du mail de Peter. Cela nous apprend un peu plus qur qui était vraiment le Maître Kamigaito:

Mail de Peter Keijers envoyé de Nagoya-Japon suite à sa dernière visite chez Maître Kamigaito le 12 avril 2010 ( traduction en Français )

Cher Amis,

Avant que les choses n’échappent de ma mémoire, je vais juste vous parler de mon aventure à Nagoya.

Il pleuvait des bardes quand nous sommes arrivés à Nagoya.

Avec le concierge de l’hôtel, j’ai vérifié l’adresse avant de prendre le taxi pour la visite chez Kamigaito Sensei

L’adresse que Jean-Maurice m’a donnée était la bonne, mais sans numéro de maison, mais heureusement mon portable HTC avait enregistré un autre numéro qui s’est avéré être le numéro de la maison.

Le taxi m’a emmené à un certain nombre de blocs d’appartements de quatre étapes de haut. Dès le premier bloc j’ai cherché le numéro de l’appartement utilisant les quatre derniers chiffres d’adresse

Après une dizaine de minutes, un monsieur très amical (ils le sont, soit dit en passant, tous au Japon) me montra la bonne adresse. Et oui, il y avait un papier accroché sur la porte pour Monsieur Keijers.

Je redoutais que ce soit un message indiquant qu’il ne serait malheureusement pas en mesure de me recevoir.

Oh, j’ai pensé, au moins je peux déposer sur les escaliers les bières Trappistes que j’ai traîné tout au long de mon voyage ainsi que mettre la lettre de Xavier dans la boîte aux lettres. Mais rien de tout cela, le message indiquait : « Cher Monsieur Keijers, je ne suis pas dans cet appartement mais je vous attends dans le mien derrière celui-ci, le numéro 5-403. », accompagné d’un dessin comme nous les connaissons bien de lui.

J’ai sonné à la porte au quatrième étage et Kamigaito Sensei , en kimono,  a ouvert la porte; il m’a accueilli rapidement, et m’a demandé si je pouvais attendre parce qu’il voulait finir ses exercices. J’ai enlevé mes chaussures et j’ai regardé, quelque peu surpris et hébété, Kamigaito Sensei qui exécutait et terminait le kata Chinto !. Et moi qui m’attendais à rencontrer un mourant* … Il changea ensuite de vêtements et s’excusa aussi parce qu’il est devenu vieux et à cause de sa maladie et de l’opération il devait encore porter des pampers ; il m’a immédiatement montré desquels ils s’agissaient. Il m’a assuré que les toilettes seraient propres et que je pouvais y aller sans aucun problème.

Ensuite, il m’a montré le frigo avec un approvisionnement décent de bière et il avait également acheté du Saké. Je pouvais choisir ce que je souhaitais. Il a aussi pointé du doigt les Trappistes que j’avais apportées (et qu’il avait appréciées) mais était plutôt soulagé que je ne voulais pas les boire.

Il a décoré la plupart de son appartement comme un dojo. La cuisine est petite avec une petite table et deux chaises. Il va dîner avec sa sœur qui vit dans le premier appartement.  À une extrémité de son « dojo » est suspendu un dessin de lui-même et une photo de la démonstration qu’il donna à la Gendarmerie Nationale ( à Antwerpen ) dans les années 1980. La photo montre également Jean-Maurice, Xavier et moi-même. Il y a aussi un petit trophée de karaté. Le sol est un plancher.

Kamigaito Sensei est très excité et en fait particulièrement de bonne humeur. Nous échangeons des nouvelles pendant que nous buvons le Saké et la bière.  Kamigaito Sensei aura 73 ans le 18 avril. Sa mère est décédée en octobre à l’âge de 96 ans. Maître Miwa est toujours en vie et est même venu le voir à l’hôpital. Miwa a 10 ans de plus. Cette semaine Kamigaito Sensei doit passer un autre test de dépistage du cancer.

Kamigaito Sensei pratique le karaté quatre fois par jour, Junzuki et les neuf katas deux fois. Soigneusement, il conserve le tout dans un tableau dans lequel il indique l’heure et si oui ou non il a fait une erreur. En particulier, la base est importante. Le karaté d’aujourd’hui n’est plus intéressant, mais il l’avait déjà prédit que dans son livre Shiai.

Écrire ou lire le Français est pour lui difficile maintenant. Il me demande donc de lire la lettre que Xavier m’a donnée pour lui. Xavier m’a aussi donné la charte MuRyu et la lettre d’accompagnement de la charte. J’ai aussi dû lui lire. Il acquiesça de la tête en rayonnant pendant la lecture et montra que c’était la bonne direction à suivre. Je lui transmets aussi le message personnel de Jean-Maurice.

Après 2 heures et demie (17h30), il dit soudain : « Ah, monsieur Keijers (d’abord c’était Peter san), ma sœur m’attend pour le dîner. Je suis très content que vous êtes venu, ça m’a fait plaisir !  Quand je lui ai suggéré de revenir un autre jour, il a répondu que ce n’était pas nécessaire parce que tout a été dit et que je devais transmettre en Belgique le message qu’il était un vieil homme malade qui devient un peu « gaga ». Plus tôt dans la conversation, il m’a dit que Maître Otsuka, à la fin de sa vie, racontait qu’il était devenu une sorte de « Dieu de budo ». Kamigaito Sensei semble aller dans la même direction.

Mais oui, 2 1/2 heures est déjà beaucoup plus que ce que j’avais espéré et je n’insistai donc plus.

Bref, il était très heureux de me voir et moi aussi. Il me demanda de remettre ses salutations et je pense aussi qu’il nous aime beaucoup tous.

Si quelque chose d’autre me vient à l’esprit, je le raconterai à mon retour en Belgique.

Sayonara,

Peter Keijers

*  Pour rappel, à cette époque, Kamigaito sensei était en traitement pour un cancer assez grave.

Le mail en pdf…ci-après

Le mail en pdf…

www.wado-kamigaito-ryu.be