Articles de Karaté de Jean-Maurice HUARD


Lettre ouverte aux ceintures élevées en Karaté Wado-Ryu
par Jean-Maurice Huard

Duel pour la vie
Duel pour la vie

Cet article a été publié en février 2001 et est présenté ici comme une opportunité pour toute ceinture supérieure désireuse de progresser sur sa voie personnelle.
Quelques extraits :
– Comme l’un de vous m’a fait remarquer, très à propos : »Pourquoi nous en parler à nous qui sommes bien présents alors que ce sont les autres, les absents, qui devraient l’entendre »
Bien sûr il faut au début développer ses muscles, son sens de l’équilibre, sa coordination, sa vitesse. Bien sûr il faut apprendre le minimum de mouvements qui constituent le bagage de l’école. mais ensuite, déjà après la ceinture bleue, plus encore à la ceinture noire et absolument au 2ème dan, c’est de changer qu’il s’agit. Il ne s’agit plus de frapper plus fort ou plus vite avec plus de muscles, de connaître plus de katas, de faire plus de flexions de jambes ou de bras…mais de trouver des moyens de se métamorphoser, de sortir du cocon. C’est une tâche très difficile.
Rassembler ses esprits, c’est le « kiaï » (ki – aï). Lorsqu’on expire très fort, par exemple en criant lors du coup, il est impossible de penser à autre chose. Pas question donc d’excitation, d’agressivité, de transe ou d’état second. Il s’agit de s’habituer à être tout entier à ce qu’on fait.
Inutile aussi de bander tous ses muscles ou de chercher à faire impression ; c’est d’engagement personnel et non pas d’effort physique qu’il s’agit.


Karaté de Monsieur KAMIGAITO
( 1ère partie )
Par Jean-Maurice HUARD

Première partie

Nous nous imaginons que le monde a commencé d’exister quand nos yeux se sont ouverts ; nous avons l’impression de l’avoir créer en prenant conscience de son existence ; autrement dit, que c’est précisément notre conscience qui lui a donné vie ; ou aussi, que le monde n’avait pas d’histoire avant nous et qu’il n’a eu de sens que lorsque nous avons pu nous l’expliquer

Il en va ainsi du karaté : il ne m’a paru exister qu’à partir du jour où je l’ai découvert, pratiqué et pensé. Le reste n’avait et n’a toujours pas de sens ; c’est un chaos de haines, de jalousies, de rivalités et de luttes de pouvoir entre écoles, styles, personnalités et intérêts.

L’histoire de nos groupes a débuté peu avant mes débuts ; j’en suis un témoin de la première heure qu’un véritable acteur.
Plus tard, je n’ai pas joué le rôle qu’on s’est imaginé ; le bruit a couru que j’étais allé au Japon chercher un nouveau Maître qui puisse calmer les disputes entre les groupes et donner une direction à notre travail ; or je ne suis même pas la première personne qui ai rencontré le Maître Kamigaito, je ne suis pas allé le chercher au Japon, ni même à l’aéroport ; l’étudiant sérieux que j’étais alors ne séchait pas les cours, même pour un événement de cette importance. Ma place ne me semblait pas être là. Mais les légendes naissent aussi vite que les rumeurs ; nous avons faim de merveilleux.On ne comprendrait probablement pas les raisons de la venue du maître si on ignorait l’histoire des premiers noyaux de « pratiquants » (c’était le mot que les Japonais de l’époque employaient); je la connais par oui-dire et pour y avoir assisté.
….

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Karaté de Monsieur KAMIGAITO
( 2ème partie )
Par Jean-Maurice HUARD

Deuxième partie

Avec le Carnaval vinrent les entraînements intensifs ; la formule avait déjà été rôdée dès le début de notre apprentissage ; nous en avions déjà une certaine expérience. Je fus très étonné d’entendre le Maître se trouver déjà trop vieux pour ce genre d’effort ; je me demande s’il n’était pas un peu déprimé ; il parlait beaucoup de la mort ; il nous tenait à distance ; je me demandais comment l’apprivoiser. Cet entraînement de Carnaval fut un échec ; rien ne trouva grâce aux yeux du Maître.

Techniquement les entraînements consistaient, du moins au début, en une répétition des exercices de base : le Kihon. Les Katas avaient aussi beaucoup d’importance. Mais, pour autant que je puisse m’en souvenir, le Maître n’appréciait guère notre manière de combattre et il me semble l’entendre insister déjà sur notre égocentrisme et la nécessité d’abandonner son Ego.

Il n’y avait cependant pas de plan apparent dans ses cours comme s’il cherchait à tâtons la meilleure manière de nous faire comprendre de quoi il voulait parler : quels étaient le but et les moyens du Karaté ? quelles étaient les raisons de pratiquer le Karaté au Japon ? quelles étaient les différences entre les façons japonaises et européennes de travailler ?

…à suivre

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Karaté de Monsieur KAMIGAITO
( 3ème partie )
Par Jean-Maurice HUARD

Troisième partie

Dans cette période de tâtonnements, Maître Kamigaito nous fit essayer différentes techniques ; de cette époque datent les mouvements du Nippon Kempo, l’apprentissage du Sanchin et Tenshô Katas, un essai de Sei-en-chin, l’utilisation des positions et des exercices de base du sumo, et l’esquive par Kaishin qu’il utilisait pour nous prouver une fois de plus, à mon grand dam, que nous ne connaissions rien du tout.

Il nous parla de Seiran et Sôran ; des différentes esquives par Tesabaki, Ashibaki et Taisabaki ; de la profondeur des arts traditionnels japonais par opposition à l’étendue des arts de la Chine ; des dégâts causés par l’éclectisme dans les techniques de combat ; des mentalités comparées (les Flamands avaient plus de chances que les wallons car ils avaient plus le sens de la communauté) ; il nous fit entrevoir – chose que je ne réaliserais qu’après des années – la différence entre combat libre et combat de compétition ; bref il nous fit saisir mille choses dont nous n’avions jamais soupçonné l’existence.

Le manque de travail au Makiwara l’étonna beaucoup ; en nous voyant travailler, il avait vite compris que nous ne nous entrainions pas du tout au Makiwara ; que nous pensions pouvoir nous passer de ce travail qui aux yeux des japonais, allait de soi ; voilà qui lui paraissait extravagant ; cela prouvait que nous manquions de « sens commun », autrement dit : cela ne serait jamais venu à l’esprit d’un japonais pour qui l’entraînement au makiwara est indispensable.

…à suivre

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Karaté de Monsieur KAMIGAITO
( 4ème partie )
Par Jean-Maurice HUARD

Quatrième partie

Les examens
Après toutes ces années passées sans véritable tutelle, nous avions besoin d’un Maître … surtout pour nous faire passer des examens et enfin recevoir les grades auxquels de longues séances d’entraînement nous donnaient droit.

On demanda tout de suite ce qu’il fallait connaître: que fallait-il connaître pour obtenir telle ou telle ceinture ? Tout le monde sait maintenant à quel point le Maître peut être évasif quand on lui pose ce genre de question. Il fut impossible de lui tirer la moindre phrase décisive. Et il fallut bien passer les examens sans trop savoir où nous allions.
D’après Kôda, notre système était celui des Hautes Ecoles: autant de mois passés avec telle ceinture et telles techniques connues donnaient droit à une promotion; bien sûr, autant de mois, cela voulait dire autant de cotisations; en fait, cela voulait dire que celui qui avait contribué à faire vivre l’école, méritait d’y acquérir un grade suivant sa contribution.
Le Maître Kamigaito était d’un tout autre avis: « ce qui est bon, est bon, et il faut accorder à chacun le grade qui correspond à sa qualité », quelle que soit la durée de son passage dans l’école…

…à suivre

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Karaté de Monsieur KAMIGAITO
( 5ème partie et fin)
Par Jean-Maurice HUARD

Cinquième partie

Le Nippon Kempô.

Un soir, après l’épisode de Sei-en-chin, Maître Kamigaito nous montra de nouveaux exercices où il fallait faire le contraire de ce que nous avions appris jusque-là, du moins c’est ainsi que les choses nous sont apparues.

Au lieu de rester très bas sur pattes, il gardait les jambes à peine fléchies; il restait tout à fait détendu, ce qui devenait plus clair que dans les mouvements de Karaté; les mouvements du corps restaient souples et souvent inhabituels; enfin comme le Maître n’annonçait pas la couleur, nous pensions qu’il s’agissait toujours de Karaté. Après les épisodes des échauffements, la façon de faire le salut et la relative mollesse du Karaté, nous n’étions pas loin de penser qu’il s’agissait d’un dissident ou d’un hérétique.

Mais comme nous n’avions pas d’autre solution (il n’y avait pas d’autre Japonais disponible), nous nous sommes mis bon gré mal gré à l’exercice, sans trop savoir à quoi il servait.

C’était le premier cap pris résolument par le Maître; comme nous compilions tout ce qu’on pouvait nous apprendre, je répétais tous les soirs ce que le Maître nous avait enseigné et c’est probablement pourquoi je m’en souviens encore de façon si vivace. Cette étude dura de nombreux mois, du moins à ma connaissance, puis le Maître l’abandonna presque tout à fait.

…à suivre

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L’échauffement au Karaté
Par le docteur Jean-Maurice HUARD

Dans tous les clubs de Karaté un visiteur est toujours étonné de la durée de l’échauffement. Très souvent le cours de Karaté commence par une solide gymnastique qui le remplit d’admiration : c’est très complet, consistant ; ça donne du muscle, de la souplesse, une bonne condition physique, ça fait travailler toutes les articulations ; et en plus ça fait souvent souffrir, ce qui flatte le vieux janséniste masochiste qui sommeille dans nos consciences occidentales…

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MAITRE YOSHIKAZU KAMIGAITO Sensei
LE KARATE WADO-RYU SANS FIORITURES

L’arrivée d’un jeune maître
Maître Kojima (7éme dan de karaté, 6éme dan de kendo), un professeur venu à Liège pour y effectuer un mémoire en économie appliquée, est unanimement considéré comme le fondateur du Wado-Ryu en Belgique…

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« Maître » et élève

Dans son petit livre « Le zen dans l’art chevaleresque du Tir à l’arc », Herrigel[1] parle des trois conditions qu’on attend d’une élève dans la tradition japonaise : une bonne éducation, un profond amour de l’art qu’elle souhaite apprendre et une vénération de la personne qu’elle choisit comme maître « qui exclut toute critique » (sic). Dans notre monde ce dernier point est presque scandaleux.

Mr Kamigaïto parle dans son livre Wado[2], du double choc qu’ont été pour lui la découverte de ce que nous appelions karaté et de ce qu’étaient devenus les maîtres japonais. Notre karaté n’avait rien de commun avec ce qu’il connaissait et les maîtres japonais avaient été rapidement asphyxiés par « le manque d’oxygène indispensable pour survivre » (sic). Que diable voulait-il dire par là ?….

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BUDO ET ARTS MARTIAUX
Par Jean-Maurice HUARD

Au début de l’ère Tokugawa, vers le 16ème siècle, le Japon sortait d’une série de terribles guerres civiles ; le pays aspirait à la paix. Le pouvoir politique prit des mesures très sévères pour éviter le retour à la violence. L’utilisation des armes fut très sévèrement réglementée. Seuls les militaires avaient le droit de porter une arme, dans des circonstances bien particulières.
La société fut également très strictement divisée en cinq classes ; la noblesse, les militaires, les commerçants, les artisans et les paysans
On peut y ajouter les hors-castes, les « etas » qu’on appelle maintenant les « burakumin » ( 部落民 )
( si on y réfléchit un peu, cette sorte de classe des exclus existe dans toutes les civilisations)….

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Makiwara

Le Karaté s’apprend seul, par essais et erreurs ; l’entrainement au Dôjô ne forme qu’une petite partie du travail ; souvent on s’y limite au travail à deux parce que c’est la seule occasion de s’affronter en combat ; vous n’en retirerez du fruit que si vous l’avez préparé par une patiente étude solitaire.
C’est pourquoi les pratiquants d’autrefois ont mis au point des méthodes comme les Katas ou le Makiwara.
Vous avez remarqué combien les coups des anciens et surtout des maîtres sont solides et massifs ; il est souvent impossible de les parer ou même de les dévier.
Le secret de ces coups est entre autres dans le travail au Makiwara qui insuffle la vie à vos poings.
Cet article a pour but de vous expliquer comment fabriquer et installer votre Makiwara.


De la Relaxation au Karaté

Au début de son séjour en Belgique, Maître Kamigaïto insistait sur la raideur de la plupart d’entre nous. C’était vrai pour moi en particulier. Pendant plusieurs mois, j’ai cherché un moyen de résoudre le problème, sans tout à fait comprendre ce que le Maître voulait dire ; ce qui était irritant, parce que j’étais un des anciens du groupe et que je pensais en savoir déjà beaucoup sur ce qu’il fallait faire. Me revenaient à l’esprit les passages du livre de Eugen Herrigel où son maître de Kyudo ironisait sur sa raideur de statue. J’ai compris alors que le problème n’était pas si simple que je l’avais cru et que j’en avais sous- estimé l’importance…

La position couchée
Dessin extrait du livre « Guide pratique du Training Autogène »-méthode Shultz du Dr Gisela Eberlein – Edition Retz